La taxonomie XBRL du Set 1 des ESRS, publiée par l’EFRAG, est un outil clé pour harmoniser et standardiser les pratiques de reporting en lien avec la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive). À l’instar de sa grande soeur la taxonomie ESEF qui traite depuis quelques années en Europe des données financières. Cette taxonomie facilite la numérisation et la standardisation des rapports de durabilité, permettant une lecture plus automatisée et une meilleure comparabilité des données pour les analystes ou les autorités de régulation. Cette innovation promet de transformer la manière dont les entreprises gèrent et communiquent leurs informations extra-financières.
En quoi consiste-t-elle ? Quelles sont les éléments clés à retenir ? Et comment s’y préparer pour assurer sa conformité ? Explications.
CSRD : MÉTHODOLOGIE ET ÉTAPES POUR UNE MISE EN ŒUVRE RÉUSSIE
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Qu’est-ce que la taxonomie XBRL des ESRS et pourquoi est-ce crucial ?
La Commission européenne (CE) a mandaté l’Efrag pour créer une taxonomie numérique XBRL pour les normes ESRS. Adoptée en juillet 2023 et publiée en août 2024, cette taxonomie vise à faciliter le balisage numérique des rapports de durabilité, conformément à la directive CSRD. En d’autres termes, elle permet de rendre les rapports ESG lisibles par les machines, assurant ainsi leur cohérence, leur comparabilité – et donc une lecture et analyse plus aisée pour les investisseurs et analystes – et leur interopérabilité avec d’autres cadres de reporting mondiaux, tels que le GRI (Global Reporting Initiative).
La CSRD a pour objectif de donner aux informations extra-financières la même importance et la même comparabilité que les informations financières. L’utilisation du langage XBRL, déjà utilisé dans les rapports financiers (pour la taxonomie ESEF), en est la preuve.
La taxonomie poursuit également un autre objectif : intégrer toutes les données dans le Point d’Accès Unique Européen (PAUE), prévu pour 2027. Ce portail centralisera les informations financières et de durabilité des entreprises, offrant une plus grande visibilité aux investisseurs et de nouvelles opportunités de financement.
Taxonomie XBRL des ESRS : Contenus et échéances à retenir
Actuellement, la taxonomie XBRL du set 1 des ESRS couvre les 1232 points de données des 12 normes sectorielles de la CSRD, appelées ESRS. Cela signifie que les entreprises devront appliques les balises de la taxonomie à chaque donnée qu’elles intègreront dans leur rapport.
Ce balisage initial représente un défi de taille, mais sera crucial pour permettre aux entreprises d’assurer leur conformité. Cela leur permettra d’éviter les oublis ou d’insérer des données erronées, mais aussi de faciliter l’interopérabilité de leur rapport avec d’autres normes.
Une approche progressive est prévue pour le déploiement de la taxonomie XBRL de l’ESRS, en particulier en ce qui concerne l’étiquetage narratif. La mise en œuvre complète devrait arriver en 2026 sur base des données de 2025 (après les étapes réglementaires de validation par l’ESMA, traduction dans les réglements de l’UE et transcription dans chacun des pays membres), avec des tests en situation réelle et des boucles de rétroaction.
Comprendre le format XBRL en 3 concepts clés?
L’utilisation d’un langage informatique tel que XBRL permet de standardiser les informations fournies dans les rapports, en s’assurant qu’elles restent compréhensibles par des humains. C’est d’ailleurs le même langage qui est utilisé dans les rapports financiers conformément aux exigences de reporting en vigueur dont le format électronique unique européen (ESEF) et d’autres obligations internationales comme la Securities and Exchange Commission des États-Unis (SEC).
Le format facilite la transparence, la comparabilité et l’accessibilité des données ESG, rendant les rapports plus efficaces et mieux adaptés aux besoins des investisseurs, régulateurs et autres parties prenantes.
Le balisage des rapports de durabilité en XBRL repose sur l’utilisation d’éléments spécifiques appelés concepts, dimensions et hypercubes.
- Les concepts représentent les éléments de base de la taxonomie, et intègrent donc les data points de la CSRD (comme les émissions de CO2 ou les politiques en matière de diversité).
- Les dimensions permettent de désagréger ces concepts en fonction de critères spécifiques, comme les régions géographiques ou les secteurs d’activité, et évitent ainsi de démultiplier les concepts tout en conservant une structure taxonomique “lisible”.
- Les hypercubes structurent ces données multidimensionnelles pour offrir une représentation claire et exhaustive des informations. Cela permet aux entreprises de transformer leurs rapports de durabilité en données exploitables et comparables, ce qui améliore leur précision et leur valeur analytique. On va ainsi dans ces hypercubes “tagguer” deux fois une information du rapport de durabilité sur le concept d’une part ainsi que sur un élément de la dimension d’autre part.
Taxonomie XBRL des ESRS : 4 points à retenir pour mieux se préparer
A. Alignement avec les normes mondiales
La taxonomie XBRL des ESRS s’aligne à la fois sur les cadres européens et mondiaux de reporting en matière de durabilité, tels que l’ISSB (International Sustainability Standards Board) et le GRI, garantissant interopérabilité et conformité pour les multinationales. L’Efrag s’est assuré d’améliorer compatabilité de la taxonomie XBRL avec les normes S1 et S2 de l’ISSB
Les entreprises doivent rationaliser leurs efforts en identifiant les chevauchements entre leurs cadres de reporting actuels (GRI, TCFD, etc.) et les ESRS. Ceci leur permettra de réduire les redondances et gagner du temps pour répondre simultanément aux réglementations européennes et mondiales.
Cependant, l’adaptation aux nouvelles méthodes des ESRS peut nécessiter une montée en compétences internes ou l’aide d’experts. Gérer cette complexité est un défi essentiel pour éviter la duplication des efforts.
B. Mise en œuvre progressive et tests sur le terrain
La mise en œuvre de la taxonomie XBRL des ESRS sera progressive, avec une adoption complète prévue d’ici début 2026 sur les indicateurs de l’année 2025 et des tests sur le terrain.
Commencer dès maintenant par les balises simples, en intégrant progressivement les plus complexes et participer aux tests vous permettra de bénéficier de retours utiles et facilitera l’adaptation pour les data points relatifs à 2025.
Cette approche vous permettra de peaufiner vos processus et de vous préparer aux éventuels ajustements liés aux retours des tests.
Bon à savoir : Les règles de validation ont été ajustées pour éviter que les éléments qui doivent être introduits progressivement (phasing-in) ne soient marqués comme des erreurs lorsqu’ils sont omis dans les rapports initiaux. Cela prend en compte le calendrier de mise en œuvre progressif des normes.
C. Flexibilité dans la désagrégation et la personnalisation
La taxonomie permet une désagrégation détaillée des données, comme les émissions de GES, et une personnalisation des rapports. Les entreprises peuvent aussi créer des balises supplémentaires pour leurs propres divulgations.
Pour en tirer pleinement parti, elles doivent collecter des données granulaires sur divers indicateurs ESG et s’assurer que leurs systèmes de reporting sont assez flexibles our capturer ce niveau de détail. Commencez par identifier quelles désagrégations (par exemple, les catégories de GES) seront les plus pertinentes pour votre activité.
Cette flexibilité permet aux entreprises de présenter une narrative plus complète et personnalisée de leurs performances ESG qui renforce la transparence et la confiance des parties prenantes. Cependant, la collecte de données granulaires exige des systèmes internes robustes, ce qui peut vous obliger à renforcer vos capacités de gestion des données ou d’investir dans de nouvelles technologies.
Bon à savoir :
Les hypercubes à dimensions libres, qui permettaient une flexibilité dans la désagrégation des données avec des dimensions définies librement, sont supprimés. Désormais, la désagrégation des données sera contrôlée directement par la taxonomie XBRL elle-même, ce qui impose un cadre plus structuré.
D. Validation automatisée pour l’intégrité des données
La taxonomie intègre des règles de validation automatisées pour assurer la cohérence et la précision des données, réduisant ainsi les erreurs dans les rapports de durabilité.
Investir dans des logiciels de reporting XBRL permet des vérifications en temps réel, limitant les erreurs de dernière minute et facilitant l’auditabilité.
Le système de validation prévient les erreurs, réduit les risques de non-conformité, et simplifie les révisions. Cependant, les entreprises non habituées au balisage XBRL pourraient avoir besoin de formations ou du soutien d’experts.
Bon à savoir : La taxonomie précise désormais si certains éléments sont obligatoires (« shall ») ou facultatifs (« may »). Cela aide les utilisateurs à comprendre clairement quels éléments doivent être inclus dans les rapports de durabilité et lesquels sont optionnels.
Pourquoi et comment s’y préparer dès aujourd’hui ?
Réduction des risques de non-conformité : Comment une adoption proactive de cette taxonomie aide à répondre aux obligations légales.
Optimisation des processus de reporting : Les avantages de la taxonomie pour améliorer la précision et l’efficacité du reporting de durabilité.
Comment Karbonpath peut aider : Présentation des solutions de Karbonpath pour accompagner les entreprises dans l’adoption et la mise en œuvre de la taxonomie XBRL (outils logiciels, accompagnement stratégique, expertise réglementaire).
Impacts pour les entreprises et le rôle de Karbonpath
Adopter la taxonomie XBRL de manière proactive permet aux entreprises de réduire les risques de non-conformité. En se préparant en amont, elles s’assurent de répondre aux obligations légales imposées par les réglementations européennes en matière de durabilité, évitant ainsi les pénalités et renforçant leur crédibilité auprès des parties prenantes.
Cette taxonomie permet également d’optimiser les processus de reporting. En standardisant les données et en facilitant leur collecte, elle améliore la précision et l’efficacité des rapports ESG. Les entreprises peuvent ainsi réduire les erreurs, gagner du temps, et offrir des rapports plus clairs et comparables à leurs investisseurs et régulateurs.
Karbonpath joue un rôle clé dans cette transition. Grâce à notre plateforme CSRD-native, Karbonpath accompagne les entreprises dans l’adoption et la mise en œuvre de la taxonomie XBRL. Nous proposons des outils logiciels adaptés et prêt à l’emploi, un accompagnement stratégique personnalisé grâce à notre réseau de partenaires, ainsi qu’une expertise réglementaire pour garantir une transition fluide et conforme aux exigences européennes. Notre solution complète vous accompagne de bout en bout pour vos rapport (CSRD, GRI, Bilan Carbone, et autres), assure la collecte, la consolidation et la validation de la qualité des données, pour faciliter chaque étape du processus et sécuriser votre conformité.
Conclusion : la taxonomie XBRL, un élément essentiel pour l’avenir du reporting de durabilité
La taxonomie XBRL est un pilier essentiel pour l’avenir du reporting de durabilité, car elle accompagne la digitalisation et renforce la transparence des données. En adoptant cette approche, les entreprises se positionnent mieux face aux investisseurs et améliorent leur réputation, tout en répondant aux exigences de la finance durable. Les données structurées sont désormais cruciales pour assurer une comparaison efficace des performances ESG et favoriser des décisions plus éclairées.